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Parmi les auteurs récemment évoqués dans ce contexte particulier figure notamment Tata Brach. L’interview qu’elle a accordée à Sigal Samuel (« Notre calme est contagieux ») nous a donné envie de reparcourir son ouvrage « L’acceptation Radicale ». Christophe André a rédigé pour ce livre une remarquable préface dont nous vous proposons ici de larges extraits. Vous trouverez ci-dessous le dernier extrait tiré de cette préface.

 

TOUJOURS COMMENCER PAR DIRE « OUI »

« Oui, c’est comme ça.

Le dire et surtout le penser, sincèrement, avec profondeur : le GRAND OUI radical, évoqué dans cet ouvrage, ce n’est jamais un petit oui, mais de surface, pour faire semblant !

« Oui, c’est comme ça, c’est comme ça pour le moment, c’est comme ça pour l’instant. Et demain ? Je n’en sais rien… »

Le oui pacifie le corps et l’esprit, ouvre les yeux et affute le regard et l’intelligence. Là ou le non crispe le corps et l’esprit, détourne du réel, du « ce qui est » qui nous heurte, pour nous aspirer dans le virtuel du « ce qui devrait être », qui nous égare.

L’acceptation a été codifiée et intégrée à des protocoles psychotérapeutiques qui ont fait la preuve de leur efficacité dans de nombreuses difficultés et formes de souffrances psychiques. (…) Ces stratégies sont aussi très utiles en médecine, et plusieurs travaux ont montré qu’elles facilitent un apaisement biologique des variables liées au stress, qu’on observe un retour plus rapide au rythme cardiaque de repos après avoir adopté une attitude intérieure d’acceptation qu’après avoir adopté une attitude jugementale.

Mais plus globalement, il faut rappeler que l’acceptation ne se limite pas à être un outil thérapeutique (ce qui serait déjà suffisant en soi) ; elle peut nous apporter beaucoup plus , et s’inscrire dans une attitude existentielle globale : on a pu montrer par exemple que ce sont les capacités d’acceptation, augmentant avec l’âge, qui expliquent la diminution des effects négatifs avec le temps. Eh oui, elle est l’un des ingrédients d’une forme de sagesse qui fait qu’on apprend à moins se faire souffrir soi-même, à moins se dépenser en vaines luttes, et à garder ses forces pour comprendre et agir à bon escient…

C’est de cela qu’il est question dans ce livre : de cette acceptation radicale, sincère et inconditionnelle, de tout ce que nous sommes et de tout ce que le monde est. Cette acceptation-là peut tout changer dans notre vie.

Ch. André, préface à l’ouvrage de Tara Brach, L’acceptation radicale, Paris, Belfond, pp.18 ss.

Ch. André est psychiatre à l’hôpital Saint-Anne à Paris. Il a notamment publié, avec A. Jollien et M. Ricard, Trois amis en quête de sagesse, actuellement disponible en poche (J’ai Lu).

Parmi les auteurs récemment évoqués dans ce contexte particulier figure notamment Tata Brach. L’interview qu’elle a accordée à Sigal Samuel (« Notre calme est contagieux ») nous a donné envie de reparcourir son ouvrage « L’acceptation Radicale ». Christophe André a rédigé pour ce livre une remarquable préface dont nous vous proposons ici de larges extraits.

S’ACCEPTER SOI-MÊME

C’est sans doute une étape fondamentale, sans doute la première.

En tant qu’humains, nous sommes imparfaits, incomplets, faillibles et fragiles. Cela peut nous irriter ou nous affliger si nous ne l’acceptons pas. Nous entrerons alors en guerre contre nous-même, par l’autocritique, l’auto-dévalorisation, et nous nous imposerons des contraintes et des régimes de vie destinés à nous rendre, le plus vite et le plus rapidement possibles, « meilleurs » (c’est à dire nous croyant protégés de toute critique ou autocritique). Cette violence est épuisante et souvent inutile. C’est ce que Tara Brach nomme dans ce livre la « transe de la déconsidération ».

En psychologie, on travaille souvent sur cette dimension de la personnalité qu’on appelle l’estime de soi, et qui recouvre le regard et le jugement que nous portons sur nous-même. Les souffrances de l’estime de soi sont parmi les plus répandues et les plus destructrices[1]. Ne pas s »accepter tel que l’on est peut entraîner deux types de réaction : la compensation, dans laquelle on va tenter de se rendre acceptables en contrôlant son image sociale (obsession du corps, de la performance, du statut, etc.) ; ou la soumission, dans laquelle on va se résigner à tout subir, à ne rien oser, à ne rien tenter, ne rien se permettre, car on pense qu’on ne le mérite pas. Dans les deux cas, la non-acceptation de ce que l’on est représente une obsession de soi (on est toujours focalisé sur ses défauts supposés, soit pour les compenser soit pour s’y limiter) et représente aussi une punition permanente, par pression ou dépression.

Mais au lieu de vouloir les suivre ou de s’y résigner, nous pouvons aussi accepter ces limites présentes en nous : il s’agit de transformer nos insatisfactions (« Je ne suis pas assez comme ceci ou trop comme cela, dans mon corps, mon caractère, ma vie, ma carrière… ; c’est à cause de  ce que je ne peux pas être vraiment aimé(e), respecté(e), satisfait(e) ») en regards neutres et en constat non jugementaux. Comme nous l’avons vu, cela ne signifie pas se réjouir de ses limites ou lâcher la bride à ses défauts. Mais regarder en face ce qui ne nous plaît pas en nous, comprendre d’où cela provient et comment cela se maintient, et choisir que faire : laisser les choses telles quelles (parce que d’autres chantiers nous attendent, parce qu’il n’est pas en notre pouvoir de faire quelque chose à ce moment) ou travailler pour le faire évoluer. Mais dans ce cas, l’acceptation signifie que ce travail sur nous-même se fera avec douceur et compréhension pour soi-même. Pas de l’orthopédie psychique, pas par des contraintes violentes, mais de la douceur et de la fermeté associée. Dans ce livre, Tara Brach utilise une belle image et nous parle de deux « ailes » : l’aile de la pleine conscience et celle de l’auto-compassion. La première nous apporte la lucidité et la seconde, la douceur. L’une et l’autre compte parmi les meilleures outils de transformation psychologique, pour que les choses changent et évoluent en nous : accepter, utiliser sa lucidité pour faire le bon diagnostic et utiliser la douceur pour appliquer les remèdes avec bienveillance et persévérance.

Si on s’accorde aujourd’hui à reconnaître à la pleine conscience de nombreuses vertus thérapeutiques, on sous-estime souvent la puissance de l’auto-compassion, qui est pourtant une capacité psychologique capitale, et un facteur de résilience de tout premier plan. Sans doute la confond-on avec l’auto-apitoiement, ce qu’elle n’est en rien : l’auto-compassion apprend à comprendre que nos souffrances sont le lot de tous les humains, là où l’apitoiement sur soi nous désole car il nous donne le sentiment d’être parmi les seuls à subir autant de malchances et de souffrances ; l’auto-compassion permet la consolation là où l’apitoiement sur soi entraîne vers la plainte, etc. Christophe André, préface à : Tara Brach, L’acceptation radicale, Belfond, pp.15 ss.

Ch. André est psychiatre à l’hôpital Saint-Anne à Paris. Il a notamment publié, avec A. Jollien et M. Ricard, Trois amis en quête de sagesse, actuellement disponible en poche (J’ai Lu).

[1] Cf. e.a. Ch. André, Imparfaits, libres et heureux. Pratiques de l’estime de soi, Odile Jacob, 2007

Parmi les auteurs récemment évoqués dans ce contexte particulier figure notamment Tata Brach. L’interview qu’elle a accordée à Sigal Samuel (« Notre calme est contagieux ») nous a donné envie de reparcourir son ouvrage « L’acceptation Radicale ». Christophe André a rédigé pour ce livre une remarquable préface dont je vous propose de larges extraits dans cette rubrique des « Florilèges ».

QUE VEUT DIRE « ACCEPTER » ?

Étymologiquement, « accepter » vient du latin accipere : recevoir, accueillir. C’est clair : accepter ne veut pas dire se réjouir de tout ce qui arrive, ou l’approuver. Accepter un orage, une maladie, une adversité quelconque, ce n’est pas dire ou penser « bravo, c’est très bien comme ça ». Accepter, ce n’est pas dire « c’est bien », mais « c’est là ». Ce n’est pas, par exemple, souhaiter que l’injustice ou la violence existe, ou s’en réjouir, mais les regarder en face, constater leur existence, chercher à comprendre leurs rouages.

De même, acceptation ne signifie pas passivité ou résignation, ne signifie pas renoncement à l’action : simplement, on accepte que le réel soit le réel, on prend le temps de l’observer, d’observer son impact sur nous, de réfléchir. Au lieu de réagir impulsivement, régi par nos réflexes, notre tempérament, notre passé, on prend le temps de répondre : l’acceptation donne force, calme, lucidité et discernement. Du moins cette acceptation que nous pourrions appeler « active », celle qui est un choix délibéré, et non un masque de notre impuissance.

Enfin, l’acceptation est un préalable : un préalable à toute forme d’action lucide et efficace, la première étape d’un processus parfois long et complexe d’insertion dans le réel et l’action sur lui. En commençant par accepter, nous nous posons une série de questions : que se passe-t-il ? Que suis-je en train de ressentir à propos de cela ? Qu’ai-je envie de faire spontanément ? Est-ce une bonne idée ? Que puis-je faire d’autre, de mieux ? Etc.

 

POURQUOI EST-CE SI DIFFICILE D’ACCEPTER ?

De nombreuses raisons sont à la source de nos difficultés à accepter.

Cela peut être par réflexe : en général, nous avons du mal à accepter ce qui représente une souffrance pour nous. Face à la souffrance, nous avons tendance à nous raidir : s ‘il s’agit de souffrance physique, on bloque sa respiration et on contracte ses muscles (vous vous souvenez de votre dernière séance chez le dentiste ?) ; s’il s’agit de souffrance psychique, on raidit sa volonté. Tout cela est bien sûr inutile. Comme le note Simone Weil, « la volonté n’a de prise que sur quelques mouvements de quelques muscles, associés à la représentation du déplacement des objets proches […]. Quoi de plus sot que de raidir les muscles et serrer les mâchoires à propos de vertus, ou de poésie, ou de la solution d’un problème[1] ? »

Nos difficultés à accepter peuvent aussi relever d’un style de vie : quand on est stressé et pressé, tout contretemps devient obstacle, tout ennui devient scandale, toute contradiction devient agression… On accepte mieux les blessures et les limitations que nous inflige la réalité si on est heureux et paisible que si on est déjà stressé et malheureux. Stress et tensions fabriquent de l’intolérance à la frustration.

Enfin, on peut avoir du mal à accepter par habitude et par culture : en Occident, rien ne doit résister à des citoyens devenus des consommateurs de droit, qui ne veulent plus jamais attendre, et qui exigent que tout problème ait une solution. Absurde, bien sûr : le monde et la vie ne sont pas taillés sur mesure pour se plier à nos impatiences et à nos prétentions. C’est à nous de commencer par nous adapter à la marche du monde, et non l’inverse ; et c’est une fois que nous aurons accepté que nous pourrons comprendre si nous pouvons y changer quelque chose, et comment le faire.

Mais le livre [de Tara Brach] nous rappelle une chose essentielle : l’acceptation ne concerne pas que le monde extérieur, elle commence par nous-mêmes. (à suivre)

 

Christophe André, préface à l’ouvrage de

Tara Brach, L’acceptation radicale, Paris, Belfond, pp.13 ss.

[1] Weil, S., La pesanteur et la grâce, Paris, Plon, 1988.

Entretien d’Alexandre Jollien, philosophe, avec Bernard Campan, comédien, auteur et réalisateur

« A.J. : Dans Le métier d’homme, je croyais que c’était le moi qui acceptait le réel. Et depuis que je pratique la méditation, depuis que nous discutons ensemble, je constate que, pour accepter, il n’y a rien à faire. C’est quand les refus se dissipent que l’acceptation vient. À l’institut[1], je m’insurgeais contre cette acceptation. Mais maintenant, je la comprends. C’est tout un cheminement qui m’a conduit à comprendre que l’acceptation n’est pas un travail mais une œuvre qui se fait malgré nous et en nous.

B.C. : Oui, au départ, je pensais également que c’était le moi qui devait accepter. Aujourd’hui, je vois que le travail se passe plutôt dans l’effacement du moi. Le refus doit tomber, céder, pour que l’acceptation se révèle. Comment…? Déjà, en faisant la différence entre accepter et se résigner. Cela a été énorme pour moi de découvrir cela. Peut-être n’avais-tu pas fait cette distinction lorsque tu étais à l’institut ? Tu te rebellais contre une « acceptation » que tu confondais avec « résignation »…?

A.J. : Pourrais-tu dire quelle est la différence entre les deux ?

B.C. : Accepter n’est justement pas se résigner devant un fait. Ce n’est pas du fatalisme. C’est au contraire partir de la réalité, de ce qui est, non pour la transformer mais pour agir mieux. Mais il est clair que la distinction entre acceptation et résignation est très subtile. De toute façon, un chemin, une pratique, c’est aussi une progression, on affine petit à petit sa compréhension. Au début, on croit qu’on accepte, alors qu’on est dans la résignation. Tant qu’il y a un moi qui accepte, il y a probablement plutôt une résignation. C’est l’évidence, le fait de voir les choses telles qu’elles sont, le fait qu’elles s’imposent à nous dans l’évidence de ce qu’elles sont, qui conduit à l’acceptation.

A.J. : Et l’acceptation t’a fait vivre différemment la souffrance ?

B.C. : Oui. Déjà, si l’on prend l’acceptation de soi, qui est peut-être le premier pas à faire. Aller vers la connaissance de soi, et prendre en considération la souffrance. Accepter ce que l’on est, accepter nos souffrances. Cela n’a rien de doloriste. Il s’agit simplement d’accepter la personne en nous qui souffre, qui souvent est l’enfant. Et l’accepter, ça veut dire l’aimer. Il n’y a pas d’acceptation sans amour et pas d’amour sans acceptation. Et il n’y a pas de connaissance sans amour non plus. S’aimer et s’accepter, c’est la même chose. C’est à un moment avoir un regard vrai, lucide et indulgent sur ce que l’on est : sur nos souffrances, nos mécanismes, sur tout ce qui nous constitue, le plus souvent d’ailleurs sans que l’on en ait conscience. »

Alexandre Jollien, Le métier d’homme, suivi d’un entretien

avec Bernard Campan, Points Essais, Paris 2013, pp. 105-106

 


[1] Alexandre Jollien a passé dix-sept ans dans une institution pour handicapés en Suisse.

Entretien d’Alexandre Jollien, philosophe, avec Bernard Campan, comédien, auteur et réalisateur

B.C. : « [Le déclic pour passer à la pratique spirituelle fut pour moi la lecture des premières lignes d’un chapitre d’Arnaud Desjardins[1] intitulé « L’acceptation ».] Cela a tout de suite fait écho en moi : l’acceptation de la vie, le oui à la vie… (…) Le oui à la vie a été le déclic.

A.J. : C’est alors que la pratique s’est installée ?

B.C. : Elle est venue quand j’ai pris conscience de tous les refus que j’opposais à la vie telle qu’elle est. Au départ, les refus on les voit peu. Puis progressivement, on se rend compte que le quotidien est tissé de refus, ainsi que des petites émotions, plus ou moins subtiles, qui y sont liées. Ma pratique a finalement consisté, au début, à prendre conscience de mon être, du goût d’exister, de vivre, d’être vivant tout simplement. Et de déceler qu’à chaque refus on passe à côté du vivant. Chaque refus est inconscient. Il nous entraîne dans notre propre monde, qui n’est pas le monde réel, dans ce sommeil dont parle beaucoup les philosophies hindoues : le monde du sommeil, de l’illusion, et de l’esclavage, car on devient alors esclave de son propre monde.

A.J. : Finalement, tu étais dans le non ?

B.C. : Oui… ! Refuser la vie telle qu’elle est, c’est être dans le non. C’est rediscuter en permanence ce que la vie me propose à chaque instant, et par là même résister en permanence au réel. J’ai bien aimé certains passages du Réel et son double[2] de Clément Rosset. Il dit qu’on superpose toujours au réel un commentaire qui corrige en permanence le réel en ce qu’il devrait être. L’une des phrases clés de l’enseignement de Swami Prajnanpad pour nous aider à retourner au réel, c’est : « Non pas ce qui devrait être, mais ce qui est. » On est en permanence en discussion avec le réel, en permanence dans : « Ce serait mieux autrement », « Il aurait mieux valu que ça soit comme ça », etc.

A.J. : Mais en quoi c’est mal ?

B.C. : C’est mal déjà parce que cela nous fait du mal. Cela crée une tension supplémentaire. Un de nos amis communs appelle cela une « crise d’impossibilité ». Car on remet en question ce qui est. Et à rediscuter sans cesse ce qui est, on ne peut qu’être dans une perte d’énergie énorme, une usure considérable. Alors que si c’est ce qui est, c’est indiscutable. Voilà, en ce sens déjà, c’est mal. En outre, on risque de rester enfermé dans ce processus, parce qu’on peut toujours argumenter intellectuellement : « Mais je sais bien que la réalité est comme ça. » Et là, on peut être prisonnier d’une illusion très subtile : « Je comprends bien la réalité, et je l’accepte. » Sauf qu’on est dans une sorte de résistance qui est la résignation et pas l’acceptation.

Alors qu’être dans le oui, c’est s’ouvrir à ce que la vie est, à ce que la vie nous propose, à la fois extérieurement – les faits, les événements, les situations – et intérieurement – les émotions, les humeurs. Le non à la vie, c’est le non à la vie tout entière : à l’extérieur de nous telle qu’on la conçoit et à l’intérieur de nous telle qu’on la reçoit.

J’étais dans un commentaire permanent de la vie qui résistait à ce qu’elle me proposait. Et tout à coup, j’ai senti que je pouvais cesser de résister et aller dans son sens. Changer radicalement de  direction. »

 

Alexandre Jollien, Le métier d’homme, suivi d’un entretien

avec Bernard Campan, Points Essais, Paris 2013, pp. 102-105


[1] A.D., À la recherche du soi, plus particulièrement le tome 1, Adhyatma yoga, Paris, La Table Ronde, 1986 ; « Pocket », 2011

[2] Le Réel et son double. Essai sur l’illusion, Paris, Gallimard, 1985 ; « Folio Essais », 1993.

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