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Il n’y a pas de « réponse bouddhiste » aux problèmes sociaux, économiques et politiques de notre temps. Ken McLeod, tricycle, 4 novembre 2016
Au cours des semaines [qui ont suivi l’élection de Trump à la présidence des USA], j’ai reçu quelques courriels contenant des questions sur une réponse bouddhiste à l’élection de 2016. Et notamment celle-ci : Que dit le bouddhisme sur la façon de répondre au comportement et à la rhétorique de Donald Trump ? Et, tout aussi important, que dit-il sur la façon de répondre à ses partisans enthousiastes ? Le bouddhisme a-t-il des impératifs moraux et des limites à ne pas franchir, ou tout cela est-il simplement « intéressant » ?
Il m’est difficile de répondre à ces questions, non pas à cause de Donald Trump ou de prétendus impératifs moraux bouddhistes, mais parce que ces questions sont formulées d’une manière qui m’est étrangère. Elles semblent impliquer qu’il y a une façon « bouddhiste » d’y répondre.
Cette élection, avec toutes ses hyperboles et son vitriol, combinée au degré élevé de polarisation dans ce pays, a fait naître de puissantes réactions émotionnelles chez beaucoup d’entre nous. Ces réactions émotionnelles sont des réactions, et la voie du bouddhisme consiste à développer la compétence et la capacité de sortir [du réflexe] de la réaction pour entrer dans [la voie de] la réponse – par la compréhension de la vacuité, la compassion, la parole juste, etc. [Il importe donc d’apprendre à répondre plutôt qu’à réagir]. Cependant, la manière dont nous répondons est affaire individuelle et dépend de nombreux facteurs.
De nombreuses personnes considèrent le bouddhisme comme une religion et, à ce titre, comme une institution sociale qui peut et doit prendre position sur les questions économiques, politiques et sociales. Cela n’a jamais été mon point de vue. Je n’ai jamais eu l’impression que le bouddhisme avait quelque chose à dire sur ce genre de questions. J’ai vraiment le sentiment que le bouddhisme n’a rien à dire sur quoi que ce soit. Je pense que le bouddhisme est un chemin de pratique spirituelle qui consiste à lâcher prise sur l’identité et à vivre une vie libérée des limites de l’esprit conceptuel. Cette évolution peut très bien conduire à des prises de position sur diverses questions, mais ces prises de position sont des choix personnels, et non des positions bouddhistes.
Par conséquent, je suis toujours mal à l’aise lorsque quelqu’un me dit : « Oh, vous êtes bouddhiste ». J’ai l’impression d’avoir été catalogué et identifié à un ensemble de croyances et d’hypothèses que l’orateur tient pour évidentes et auxquelles je n’adhère probablement pas. Je suis bien conscient que ma réaction à cette déclaration indique également un sentiment de soi qui opère en moi. La formation de l’identité est tenace.
Quel est l’intérêt du lâcher prise en matière d’identité ? L’abandon de l’identité est ce qui nous permet et nous rend capables d’être vraiment humains – d’être une réponse permanente aux défis, aux exigences et aux besoins de la vie. C’est la liberté d’évoluer constamment dans le sens de l’équilibre et de faire face aux tensions et aux luttes dans la vie de ceux qui nous entourent et dans le monde en général.
Ainsi, dans le contexte des élections de 2016, ou dans le contexte de la myriade de défis sociaux, économiques et politiques auxquels nous sommes confrontés, je ne cherche pas une réponse typiquement bouddhiste. Je cherche une réponse qui soit à la fois humaine et pleine de compassion.
Dilgo Khyentsé, l’un des grands maîtres tibétains du XXe siècle, s’est un jour vu demander : « Pourquoi pratiquons-nous ? » Ce à quoi il répondit : « Pour tirer le meilleur parti d’une mauvaise situation ». Je trouve cette réponse fascinante et extraordinairement profonde. Certaines personnes peuvent désapprouver le fait de considérer la vie telle que nous la connaissons comme une mauvaise situation, mais nous savons tous que, même si nous sommes privilégiés, nous serons tous tôt ou tard confrontés aux difficultés de la vie. Ces difficultés découlent du cours naturel de la vie, des déséquilibres générés par le fait de vouloir être avec ceux que nous aimons et d’éviter ceux que nous n’aimons pas, d’obtenir ce dont nous avons besoin et de garder ce que nous avons. Comment savoir quels sont les déséquilibres ou les luttes à résoudre, quelle direction prendre ou où diriger notre attention et notre énergie ?
Cette question nous amène à dépasser le domaine de la pratique bouddhiste pour aborder la notion de pratique en général. La réponse du philosophe allemand Peter Sloterdijk [1947] est que, à l’ère moderne, nous devons développer une vie de pratique, de répétition et de raffinement constants. Mais quelle pratique ? Qu’est-ce qui, dans notre vie, mérite vraiment d’être pratiqué, répété et perfectionné ?
L’une des plus importantes conclusions de ma propre pratique a été de voir, ne serait-ce qu’à petite échelle, comment le monde peut apparaître aux yeux des autres. Pour ce faire, je dois lâcher prise sur ma propre identité et m’imaginer dans la peau des autres, et c’est toujours un défi. En ce qui concerne Black Lives Matter, par exemple, les Afro-Américains considèrent souvent la police non pas comme une source de sécurité, mais comme une source de danger. Le ressentiment de la classe ouvrière blanche dans de nombreux endroits du pays est facilement compréhensible si l’on considère qu’il faut exercer deux ou même trois emplois pour pouvoir simplement se nourrir pendant que les bureaucrates du gouvernement ou des entreprises vous imposent leurs programmes et leurs valeurs.
Aussi, bien que je sois en profond désaccord avec ceux qui soutiennent un candidat totalement inadapté, les partisans de Trump, et leur colère, leur peur et leur désir de changement font également partie de mon monde.
Et maintenant, que faisons-nous ? Je ne sais pas. Je pense que la meilleure chose que beaucoup d’entre nous puissent faire est d’utiliser nos compétences pour atteindre et parler avec ceux avec qui nous sommes en désaccord. Il faut construire des ponts, pas des barricades. Afin de résoudre les conflits et la polarisation, chaque partie doit reconnaître la légitimité des intérêts vitaux des autres parties. Vous ne pouvez pas attendre de quiconque qu’il fasse des compromis sur ce qui est d’une importance vitale pour lui. Le lien humain est essentiel ; sans lui, la société tombe dans le chaos darwinien.
Selon moi, le bouddhisme ne nous dit pas comment aborder ces questions en soi. La pratique bouddhiste peut fournir et fournit effectivement les outils pour développer l’intention, les compétences et les capacités nécessaires pour les aborder. Mais la manière dont nous réagissons dépend de nombreux facteurs, notamment des circonstances de notre vie. C’est à nous de trouver comment répondre aux défis de l’élection de 2016, non pas en tant que bouddhiste mais en tant qu’être humain.
Ken McLeod est écrivain, traducteur, enseignant et consultant en affaires. Ses écrits sur la pratique bouddhiste comprennent Reflections on Silver River et A Trackless Path.
En fin de journée, il nous fera l’amitié d’animer un « cercle de parole », tel que ceux qu’il a mis en place dans son centre de zen de Montreuil et avec les détenus. Le principe sera expliqué ce jour-là aux personnes qui le souhaitent, et libre à elles de participer ou non, bien sûr !!!
Cette journée est ouverte à toutes et à tous. N’hésitez donc pas à en parler aux personnes susceptibles d’être intéressées !
Au programme de cette première édition :
10h00 (Accueil)
10h30 – 12h00 Méditation zen (zazen)
Sur le temps de midi, nous vous proposons un lunch (sur réservation uniquement) et une promenade autour du mur d’enceinte de la prison, afin d’y découvrir deux projets artistiques soutenus par la Fondation Mons 2025 :
– Le projet poétique Ivre d’histoires, mené par Olivier Sonck avec des détenu.e.s et des habitant.e.s du quartier
– Un projet photographique réalisé par sept détenu.e.s guidé.e.s par l’artiste Mara De Sario
Mara De Sario nous fera d’ailleurs la gentillesse de venir nous présenter ce projet et de partager avec nous quelques réflexions sur cette expérience en milieu carcéral.
14h00 – 16h00
LE MUR DE LA PRISON D’EN FACE
Michel Dubois, enseignant zen et aumônier à la prison de Fresnes
16h00 – 17h30
CERCLE D’ECOUTE ET DE PAROLE (Facultatif)
Animé par Michel Dubois
Adresse : 10, rue Roland de Lassus à 7000 Mons (1er étage)
Infos et réservations : secretariat@shikantaza.be
NOMBRE DE PLACES LIMITE
INSCRIPTION INDISPENSABLE
PAR VIREMENT de 15 €
(ou 25 € si vous prenez le lunch – réservation obligatoire !!!)
AU COMPTE BE75 0013 8686 2651 de ASBL SHIKANTAZA
AVANT LE 17 OCTOBRE
Communication : RB 19/10