Le calme, le silence et la vastitude débouchent sur un même lieu – la conscience ouverte. Mais ce lieu, ce refuge, on y pénètre par une porte particulière : par le corps, la parole ou l’esprit. (…)
L’entrée la plus proche est là où vous êtes. Cette tension dans votre nuque et vos épaules peut être cette entrée. Votre « Critique intérieur » peut être cette entrée. Votre esprit hésitant, vos doutes, peuvent être cette entrée. Mais souvent, nous négligeons les solutions évidentes et multiplions les détours. Il est intéressant de voir comme il est fréquent que nous n’accordions aucune valeur à ce qui se trouve sous nos yeux.
Si la conscience ouverte est si simple et si tout moment de distraction, d’irritation ou de colère est une porte qui s’ouvre à nous, pourquoi ne nous tournons-nous pas vers notre inconfort pour découvrir une vérité plus profonde ? Tout simplement parce que nous ne sommes pas habitués à l’ouverture et parce que nous ne croyons pas qu’elle suffise. Tourner notre attention vers l’intérieur semble être la chose la plus facile au monde, et pourtant nous ne le faisons pas.
Comment se familiariser avec le refuge intérieur ? Si nous sommes malades et qu’un médecin nous prescrit un médicament dont il nous dit qu’il est absolument nécessaire à notre guérison et à notre bien-être, nous sommes motivés à le prendre. Peut-être devrions-nous penser à ce refuge intérieur comme à un médicament qui nous débarrassera de notre habitude à nous déconnecter de la source de l’être. Vous avez trois pilules à prendre : le calme, le silence et la vastitude. Commencez par prendre au moins trois cachets par jour. À vous de voir quand votre prenez votre dose de calme, de silence ou de vastitude. En fait, si vous êtes attentif, ce sont les circonstances qui vous choisiront. Lorsque vous êtes dans la précipitation, vous devenez agité. L’agitation vous a choisi. À ce moment, dites : « Merci, Agitation. Tu viens de me rappeler de prendre mon cachet de calme. » Inspirez lentement et approchez votre agitation en faisant preuve d’ouverture. Votre calme est en plein cœur de votre agitation. Ne vous laissez pas distraire et ne rejetez pas ce moment en vous disant que vous trouverez le calme plus tard ou ailleurs. Découvrez le calme juste ici, dans votre agitation.
Lorsque vous entendrez un ton plaintif dans votre voix, vous saurez que le moment est venu de prendre votre pilule de silence. Que faire ? Allez vers vos récriminations. Faites preuve d’ouverture. Entendez le silence dans votre voix. Le silence est dans votre voix, parce que le silence est la nature même du son. Ne recherchez pas le silence en rejetant le son. Vous ne pourriez jamais le trouver. De même, ne recherchez pas le calme en rejetant le mouvement.
C’est la même chose avec la porte de l’esprit. Lorsque votre esprit est submergé de pensées, prenez la pilule de la vastitude. N’oubliez pas : ne recherchez pas l’espace en rejetant vos pensées – l’espace est déjà là. Il est important de faire cette découverte, encore et encore. La seule raison pour laquelle vous ne le trouvez pas, c’est parce qu’il est plus près que vous le pensez.
Voilà mon ordonnance. Puissent le calme, le silence et la vastitude être des médicaments qui vous libéreront de la souffrance expérimentée par les trois portes du corps, de la parole et de l’esprit, et ce faisant, puissiez-vous venir en aide à de nombreuses autres personnes grâce aux qualités infinies qui seront devenues disponibles. »
Tenzin Wangyal Rinpoche, Finding Freedom From Our Negative Patterns, Buddhadharma, Summer 2011. Traduction : Françoise Myosen
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