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« La logique du samsara[1], repose sur le rêve d’un monde idéal, parfait – c’est-à-dire d’un « non-monde ». (…) La souffrance est partout présente au point d’être même la première des vérités. Faute de le reconnaître, notre temps rend presque impossible toute transmission réelle. Le désir d’en finir avec la souffrance corrompt tout enseignement authentique. Il cesse d’être un enseignement qui réveille, ouvre les fenêtres de l’esprit, nous fait entrer dans le vaste, nous fait toucher à l’espace libre de toute crispation — mais devient un simple complément alimentaire qui renforce nos mauvaises habitudes et la peur.
Pour court-circuiter cette mécanique, il faut arrêter de rêver! Car, tant que la réalité n’est pas vue en face, rien de décisif ne peut se mettre en œuvre. »
Fabrice Midal, La joie réelle de la méditation,
L’École Occidentale de Méditation – Newsletter, novembre 2010
« Arrêtez de rêver »…
Lorsque André Comte-Sponville évoque le « gai désespoir », il nous invite à cesser de « rêver notre vie », il nous invite à cesser de vivre dans l’attente (l’espérance) des conditions imaginées de notre bonheur ou de courir après ces conditions pour constater que, finalement, elles n’y suffisent pas non plus.
L’une et l’autre attitude trouvent leur origine dans la conviction que notre bonheur dépend de conditions extérieures : « Qu’est-ce que je serais heureux si … »
Mais combien de fois ne faisons-nous pas le constat que ces conditions échouent à terme à nous apporter le bonheur tant convoité. Il nous reste alors à imaginer d’autres conditions et à espérer. Samsara…
A force de rêver votre vie, plutôt que de la vivre, vous ne risquez rien de moins que de passer à côté, disent les sages[2]. Le « désespoir » dont parle C.-S. n’est pas un sentiment tragique, mais un lâcher prise (dé-espoir) qui nous permet d’apprécier (d’évaluer) le présent différemment, parfois d’apprendre à l’apprécier (à l’aimer) vraiment tel qu’il est.
C’est ce qu’exprime Jules Renard dans une formule interpellante : « Je suis un homme heureux car j’ai renoncé au bonheur[3] ».
« … l’espérance, dit Comte-Sponville, n’est pas le bonheur, bien au contraire ! On n’espère que ce que l’on n’a pas. Espérer être heureux, cela prouve qu’on ne l’est pas. Comme l’a dit Spinoza, « il n’y a pas d’espoir sans crainte ni de crainte sans espoir ». Quand vous êtes dans l’espérance, vous êtes dans l’angoisse, donc vous n’êtes pas heureux. L’espérance n’est pas le bonheur ; le désespoir, au sens où je prends le mot, n’est pas le malheur. Ce que je montre, en m’appuyant sur les stoïciens, Spinoza et la tradition bouddhiste, c’est que le bonheur est indissociable d’un certain désespoir. (…) Le désespoir, au sens où je le prends, ce n’est pas la tristesse ; c’est le fait de ne rien espérer. Tant qu’on espère le bonheur, c’est qu’on ne l’a pas. Quand on est heureux, on n’a plus rien à espérer. Cette sagesse du « gai désespoir » (…) incite les gens à comprendre qu’il s’agit d’espérer un peu moins et d’agir un peu plus. »[4]
[1] Le monde de la souffrance dans lequel les êtres s’enchaînent du fait de leurs comportements et vues erronées
[2] cf. la fiche « Présent »
[3] Jules Renard, Journal, 9 avril 1895, Éditions 10-18, 1984, t. 1, p. 265
[4] http://www.evene.fr/livres/actualite/interview-andre-comte-sponville-esprit-atheisme-613.php?p=2
Les textes proposés sur le blog de Shikantaza expriment avant tout l’opinion de leurs auteurs. Les lecteurs sont invités à les examiner avec l’esprit de libre arbitre prôné par le Bouddha dans le Kalama Sutta.
«… les positions relèvent de la jungle des spéculations et des dogmes …
… elles vont de pair avec la souffrance et ne mènent
ni à la paix intérieure, ni à la connaissance directe, ni à la libération.»
MN 72
«Souvent, on nous demande quelle est la position du bouddhisme sur certaines questions éthiques et sociales. Et il nous est toujours difficile d’expliquer que le bouddhisme n’a pas vraiment de position.
Au cours de leur histoire, les différentes traditions bouddhistes ont, de tout temps, appelé à la prudence vis-à-vis des positions. Prendre position est souvent davantage une source de souffrance que de libération. En cela, les traditions bouddhistes se démarquent autant des religions révélées que de nombreux courants philosophiques.
Par ailleurs, le bouddhisme est hétérogène et non confessionnel. Il n’existe rien de tel que « le » bouddhisme. Personne ne peut parler pour le bouddhisme dans son ensemble.
Les propos tenus dans le cadre des enseignements bouddhistes n’ont de sens que dans le contexte où ils sont tenus. Tout propos est tributaire de la personne qui l’a tenu et de la personne ou du groupe de personnes auquel il s’adresse, ainsi que du contexte historique et culturel dans lequel il est tenu. Il n’a en aucun cas une portée universelle.
Cela ne signifie pas pour autant que le bouddhisme ne puisse pas prendre part au dialogue interconvictionnel. Mais il est important de comprendre que le bouddhisme ne vient pas y apporter son lot de positions supplémentaires.
Ce qui unit les traditions bouddhistes, c’est l’enseignement de la sagesse et de la compassion. Ce que nous espérons, c’est que le bouddhisme puisse apporter un peu de cette sagesse et de cette compassion, d’ouverture et de réconciliation au dialogue interconvictionnel.»
Edel Maex, Positions du bouddhisme, site web de l’Union Bouddhique Belge, www.buddhism.be
Texte en exergue: http://www.canonpali.org/tipitaka/suttapitaka/majjhima/mn072.html
Les textes proposés sur le blog de Shikantaza expriment avant tout l’opinion de leurs auteurs. Les lecteurs sont invités à les examiner avec l’esprit de libre arbitre prôné par le Bouddha dans le Kalama Sutta.
Pour plus de clarté, vous trouverez ci-dessous les nouveaux horaires de la pratique au Centre Shikantaza:
Mardi: de 19 à 20h30 (zazen + enseignement)
Mercredi: – de 6h45 à 7h30 (zazen + cérémonie)
– de 19h30 à 20h10 (zazen)
Jeudi: de 19h à 20h30 (zazen + cérémonie)
Pour rappel, le dojo est accessible une demi-heure avant le début de la méditation (un quart d’heure le mercredi, matin et soir).
Nous demandons aux personnes qui n’ont encore jamais pratiqué chez nous de bien vouloir prendre contact par téléphone, au 065/84.08.25, avant leur première visite.
De 1231 à sa mort en 1253, Dôgen a mis par écrit ses enseignements, et son disciple Ejô les a ensuite compilés en un recueil sous le titre Shôbôgenzô, « Le Trésor de l’Oeil de la vraie Loi ».
La profondeur, la richesse et l’originalité de la pensée de Dôgen le placent au sommet de la spiritualité bouddhique. Contrairement aux enseignements classiques qui montrent le chemin à suivre pour atteindre l’Eveil, Dôgen plonge directement dans l’expérience d’un tel état et invite le lecteur à voir en lui-même la vraie réalité, ici et maintenant, dans la posture de zazen.
Pour ce faire, il est amené à examiner la nature de la conscience bouleversée par ce déchirement, sans rapport avec l’ordinaire du « non-éveillé ». Ses recherches le conduisent à explorer des domaines aussi insaisissables que la définition du temps, de l’espace , de l’univers, du bien et du mal ou de la nature, sans qu’apparaisse jamais la notion d’un « moi » au sens psychologique, occidental du terme.
Cet ouvrage est disponible en prêt à la bibliothèque du Centre (nouvelle acquisition).
« Votre culture est basée sur l’idée de progrès personnel. (…) Vous essayez toujours d’améliorer quelque chose. Peut-être la plupart d’entre vous s’assoient-ils pour améliorer leur zazen, mais les bouddhistes ne font pas grand cas de l’idée de progrès. En pratiquant zazen dans le but de vous améliorer, vous tentez peut-être de vous connaître d’un point de vue plutôt psychologique. (…) Dans le zen, nous comprenons le moi d’une manière bien différente ».
Avec la simplicité, l’humour et le bon sens qui ont fait le succès de Esprit zen, esprit neuf, les causeries réunies dans cet ouvrage invitent à saisir, au-delà des mots, le véritable esprit de la pratique zen. Aussi éclairantes pour les novices que pour les maîtres, elles ne sont jamais dogmatiques mais toujours incitatives: pédagogue exceptionnel, Suzuki s’attarde sur l’expérience, dédramatise les obstacles, sans jamais réduire la pratique à une technique. À travers une approche intime de la méditation, étendue à la vie entière, il nous appelle avec tendresse et fermeté à trouver notre voie. Sage et inspirant, ce livre est un guide formidable our qui cherche la plénitude spirituelle.
Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Daniel Roche
Préface d’Eric Rommeluère
Vous trouverez en outre une vidéo montrant Shunryû Suzuki sur le blog d’Eric Rommeluère, « J’ai deux kôans à vous dire ».
Cet ouvrage est disponible en prêt à la bibliothèque du Centre.