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« Au cours des siècles, des bouddhismes se sont (…) construits comme des théories complexes de la réalité. Ils se sont élaborés, affinés, parfois affrontés, mais la voie du Bouddha porte en elle bien autre chose qu’une simple théorie ou doctrine. Elle (…) est ouverture au réel, ouverture à l’esprit insaisissable (…).
À dire vrai, la voie du Bouddha ne peut se réduire à un système de pensée destiné à nous conforter, à nous rassurer (si nous y croyons), ou, inversement, à nous irriter, à nous défier (si nous n’y croyons pas).
Question : si je suis bouddhiste, est-ce que j’adhère à un système de croyances, comme la loi du karma, la transmigration, etc. ? C’est-à-dire : est-ce que je me projette dans de nouvelles pensées auxquelles je vais m’identifier, que je vais m’approprier, est-ce que je convertis mes croyances en d’autres croyances ? (…)
Vous ne pouvez pas vous convertir au bouddhisme. Le bouddhisme, tant qu’il reste perçu, vécu comme un simple système explicatif, n’est en rien la voie de l’Éveillé. Non, il ne s’agit pas d’adopter de nouvelles grilles de lecture à la place d’autres, de croire à la réincarnation plutôt qu’à la résurrection. C’est tout le contraire. Il faut tout laisser s’écrouler et faire l’expérience directe du dépouillement et de la nudité.»
Éric Rommeluère, Les bouddhas naissent dans le feu, Paris, Éditions du Seuil, 2007, p. 128-129
Les textes proposés sur le blog de Shikantaza expriment avant tout l’opinion de leurs auteurs. Les lecteurs sont invités à les examiner avec l’esprit de libre arbitre prôné par le Bouddha dans le Kalama Sutta.
« Je crois qu’il convient d’établir une distinction importante entre religion et spiritualité. J’associe la religion avec la croyance au salut tel que le promet telle ou telle confession, en accord avec l’acceptation d’une réalité métaphysique ou surnaturelle pouvant éventuellement inclure l’idée de paradis ou de nirvana, et comprenant l’enseignement de dogmes, de rites et de prières. J’associe la spiritualité avec ces qualités de l’esprit humain – amour et compassion, patience, tolérance, pardon et sens de la responsabilité – qui apportent le bonheur à autrui en même temps qu’à soi-même. Alors que, tout comme les rites et les prières, les questions de nirvana et de salut sont directement liées à la foi religieuse, il n’en va pas nécessairement de même pour ces qualités intérieures. Aussi n’y a-t-il aucune raison pour que l’individu ne puisse les développer, même à un haut degré, sans avoir recours à aucun système de croyance religieux ou métaphysique. C’est pourquoi il m’arrive de dire que la religion est peut-être quelque chose dont on peut se passer. Ce qui, en revanche, est indispensable, ce sont ces qualités spirituelles fondamentales.
Ceux qui pratiquent une religion sont bien sûr en droit de prétendre que ces qualités, ou vertus, sont les fruits d’un effort religieux authentique, et que leur religion s’emploie à les développer à travers la pratique spirituelle. Pourtant, ce en quoi cette pratique consiste est un sujet de confusion parmi les croyants aussi bien que les non-croyants. Le souci du bien-être d’autrui est l’élément unificateur des qualités que je qualifie de « spirituelles ». En tibétain, nous parlons de shen pen kyi sem, qui signifie « idée d’aider les autres ». Or, si l’on y réfléchit, on se rend compte que les qualités dont il est question traduisent toutes le souci implicite du bien-être des autres. De plus, ceux qui pratiquent l’amour, la patience, le pardon et la tolérance reconnaissent dans une certaine mesure l’effet potentiel des actions individuelles sur autrui, et règlent leur conduite en conséquence. Ainsi, la pratique spirituelle conforme à ces données implique d’une part d’agir dans le souci du bien-être d’autrui, et d’autre part de se transformer soi-même pour être mieux disposé à le faire. En parler autrement est dénué de sens. »
Dalaï-Lama, Sagesse ancienne, monde moderne, Paris, Le Livre de Poche, 2004, p. 32-32
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C’est pourquoi, dans le vide, il n’y a (…)
ni souffrance, ni origine, ni extinction, ni chemin.
Le Sûtra du Cœur de la Prajnâ Pâramitâ
Le Sûtra du Cœur semble nier non seulement les quatre nobles vérités mais aussi d’autres « fondamentaux » du bouddhisme tels les cinq agrégats ou (les douze liens de) la coproduction conditionnée. Le Sûtra du Cœur, un texte iconoclaste ? Ce serait négliger l’importance de ces trois mots : « dans le vide ». En fait, ce texte essentiel restitue le « cœur » de l’ensemble des enseignements mahayanistes sur la vacuité (Prajnaparamitasutra).
Partant de la « négation » des quatre nobles vérités (citation en exergue), le texte qui suit évoque le questionnement de l’homme et son besoin urgent de réponse face à la souffrance. Il met en garde contre le confort fallacieux des formules toutes faites et proclame l’absolue nécessité de « tourner le regard vers l’intérieur ». Ce faisant, il nous ramène au cœur et à l’essence de la pratique.
« Comme être humain, nos questions les plus fortes, celles qui nous mettent aux prises avec l’existence, ont besoin de trouver leurs réponses. Le monde doit se dévoiler à nous dans une plénitude de sens : que rien de fondamentalement questionnable ne demeure indéterminé. […] Le Bouddha [en quête de réponses, fuyant la demeure de son père, M.D.] se met en route dans la conscience initiale de ses peurs et de ses angoisses, celles de tout être humain, la mort, la vieillesse, la maladie, la souffrance. Elles l’ont amené non seulement à questionner, mais à rechercher des maîtres de vérité, ceux qui pourraient répondre à ces questions béantes comme des plaies ouvertes. La perception de la souffrance ouvre comme un « pourquoi ? » infini. Seules des réponses de vérité pourront refermer la plaie qui suinte et fait mal.
Les quatre nobles vérités annoncées par le Bouddha se présentent à la manière médicale, d’abord le diagnostic, puis la thérapie. On peut les résumer brièvement de la manière suivante : première vérité : il existe un mal-être ; deuxième vérité : il existe une origine à ce mal-être ; troisième vérité : il existe un bien-être qui éteint le mal-être ; quatrième vérité : il existe une voie pour réaliser ce bien-être. Les quatre nobles vérités peuvent, dans leur progression, dans leur logique, dans leur manière de poser et de résoudre le problème, nous satisfaire. Mais que satisfont-elles au juste, sinon ce besoin de réponse qui nous étreint ? La pensée s’ordonne et donne sens à ce magma insensé que l’on appelle détresse. Une lueur d’espoir a surgi. Mais finalement, lorsqu’on se contente de les lire, de les accepter, les quatre nobles vérités se déploient dans l’ordre d’une pensée extérieure à nous-mêmes. Elles apparaissent comme des principes, parlons même de dogmes, que l’on peut ou bien accepter ou bien refuser. Ces vérités, l’une après l’autre, et du fait même qu’elles s’enchaînent, deviennent autant de formules que chacun peut à loisir étudier, discuter, approuver ou contester.
Pourtant, la volonté de s’investir dans les objets de pensée, comme solution au problème est l’impasse. […] La pensée est utile, précieuse, indispensable même, et pourtant nous n’avons pas simplement besoin d’idées, mais d’une vie réelle et éclatante. Nous devons finalement apprendre l’art de tourner le regard vers l’intérieur. […] Au fond, Avalokiteshvara [Le Sutra du Cœur est pour l’essentiel la réponse que donne Avalokiteshvara à la question de Shâriputra : Comment pratiquer ? M.D.] nous somme d’abandonner les dogmes, les credo, toutes les croyances qui prédéterminent et dictent nos attitudes. L’homme n’a pas à se conformer à la pensée, sa pensée doit seulement être l’expression de l’expérience, c’est-à-dire de la vie. Il dit : ne cherchez rien en dehors de votre expérience, c’est là que tout se tient, entrez-y, l’idée d’un monde meilleur est une belle idée, mais ce n’est encore qu’une idée ! Aucune réalité extérieure n’existe au-delà de ce qui est. […] Dans son adresse à Shâriputra, Avalokiteshvara tranche à la racine toute volonté d’adopter le bouddhisme comme système. C’est une supplique à laisser de côté les théories et les principes. […] Il nous invite à renoncer à toutes les idées sur la sagesse pour tout simplement recommencer à vivre dans la joie du quotidien. »
Éric Rommeluère, Les bouddhas naissent dans le feu, Paris, Éditions du Seuil, 2007, p. 133-137
Les textes proposés sur le blog de Shikantaza expriment avant tout l’opinion de leurs auteurs. Les lecteurs sont invités à les examiner avec l’esprit de libre arbitre prôné par le Bouddha dans le Kalama Sutta.
«Par ouï-dire», Les mardis des archives
Rediffusion d’un entretien avec Jacques Brosse
RTBF, La Première
Mardi 11 mai, de 22 à 23 heures
(Cette émission est disponible en podcast ici)
Jacques Brosse s’était fait moine Zen, dans les années 70. Il était aussi historien du christianisme et philosophe. Jacques Bourlez avait rencontré cet esprit libre dont Camus avait publier le premier texte, Le secret. Toujours en recherche, toujours en communion avec l’univers, Jacques Brosse a créé deux réserves naturelles, l’une en Dordogne et l’autre près du Mans. On lui doit une série de livres dont «Les maîtres Zen» et «Zen et occident».
Il parle ici de méditation, de souffle et de postures suite à l’écriture de sa conversion relatée dans «Satori». Jacques Brosse nous a quittés en 2008.
Les mardis des archives – Jacques Brosse – Mardi 11.05.2010
Date: Mardi 11 Mai
Jacques Brosse s’était fait moine Zen, dans les années 70.
Il était aussi historien du Christianisme et philosophe.
Jacques Bourlez avait rencontré cet esprit libre dont Camus avait fait publier le premier texte, Le secret. Toujours en recherche, toujours en communion avec l’univers, Jacques Brosse a créé deux réserves naturelles , l’une en Dordogne et l’autre près du Mans.
On lui doit une série de livres dont « Les maîtres Zen » et « Zen et occident ». Il parle ici de méditation, de souffle et de postures suite à l’écriture de sa conversion relatée dans « Satori ».
Jacques Brosse nous a quittés en 2008.